La musique autrement

Publié le 07 décembre 2023

Ateliers scolaires autour de Dracula

Sur trois ateliers, durant les mois d’octobre et de novembre, les étudiant.e.s du Centre de Formation des Musicien.ne.s Intervenant.e.s (Orsay) ont proposé à trois classes d’écoles primaires d’Argenteuil de créer un univers musical autour du spectacle Dracula, en leur suggérant des images de forêt, de maison hantée ou encore de monstre afin que les élèves puissent les interpréter musicalement à leur manière.

Les musicien.ne.s intervenant.e.s, comme leur nom l’indique, interviennent au sein de différentes structures et notamment l’école afin d’ouvrir à l’éveil musical. Leur pédagogie est différente de celle enseignée au conservatoire dans la mesure où celle-là ne repose pas sur un apprentissage au sens ordinaire où on pourrait l’entendre. Celles et ceux que l’on appelle les dumistes ont à cœur de toucher tous les publics (par le biais de l’intervention directe dans des classes par exemple) afin d’initier à la pratique musicale. C’est ainsi que, dans le cadre de leur cursus universitaire, les étudiant.e.s du CFMI d’Orsay, réparti.e.s en trois groupes différents, ont proposé à trois classes d’écoles primaires des ateliers autour du spectacle Dracula.

Chaque groupe avait la même consigne : sur trois séances de 45 minutes, proposer à des élèves de CM1 et de CM2 un atelier musical en lien avec le spectacle que les enfants iraient voir. Un des ateliers proposés était la création d’un paysage sonore. Si les étudiant.e.s, muni.e.s pour leur part de leur instrument, arrivaient à faire deviner aux élèves quels sons ils et elles voulaient reproduire (un grincement de porte avec un alto ou le souffle du vent avec une flûte), les enfants se sont rapidement rendus compte qu’il n’était nullement besoin de savoir jouer d’un instrument pour faire de la musique, leur voix, leurs mains, leurs pieds et finalement leur corps entier leur permettaient de créer un univers sonore à leur manière. Petit à petit, la classe s’est divisée en plusieurs groupes : l’un serait chargé d’imiter le hululement d’une chouette et les hurlements d’une meute de loups dans la forêt, tandis qu’un autre aurait pour mission de reproduire le son de la pluie tombant sur le sol et du vent soufflant dans les arbres. Cette première partie du paysage sonore s’estompe alors pour donner place à une nouvelle atmosphère, celle de la découverte d’une maison abandonnée dans la forêt : la porte grince lorsqu’on la pousse, et le parquet craque quand on s’y aventure. À mesure de la découverte, on prend conscience que cette maison n’est pas seulement abandonnée, elle est aussi hantée. Le dernier groupe d’élèves entre alors en scène pour proposer de manière sonore la présence de fantômes.

Les élèves de la deuxième classe ont d’abord eu pour consigne de trouver chacun.e un monstre avec une certaine gestuelle et un certain son lui étant propre. Ensuite, formé.e.s par groupe de deux, les enfants ont expérimenté l’exercice du miroir et devait, chacun.e leur tour, reproduire le monstre qui était mimé par l’élève le jouant.

Enfin, le dernier groupe a été transporté dans une clairière, apaisante de prime abord grâce à la douce mélodie jouée par un étudiant violoniste, et se transformant petit à petit en bois plus sombres, les élèves étant toujours guidé.e.s par la musique émanant du violon et devenant de plus en plus inquiétante. Sur la musique, ils et elles se sont transformé.e.s en petits squelettes, avançant plus ou moins vite selon le rythme donné et faisant résonner les os censés les constituer par des claquements de langue.

Ces trois propositions, bien que toutes très différentes, ont néanmoins plusieurs points communs dont deux ressortent particulièrement. D’une part, la possibilité de jouer, au sens musical du terme, avec l’ensemble de son corps (et pas seulement avec sa voix ou avec un instrument). Ensuite, l’écoute et l’attention essentielles au bon déroulement de chacun des ateliers. En effet, si quelques élèves ont d’abord eu certaines réticences à entrer pleinement dans les différents univers proposés lors de la première séance, ils et elles se sont complètement prêté.e.s au jeu lors des suivantes, permettant de faire émerger de beaux travaux de groupe, présentés aux musicien.ne.s et comédiennes de Dracula à l’issue de la représentation du spectacle à laquelle les enfants avaient précédemment assistée.

 

Suzie Ferry,

Volontaire en service civique à l’ONJ

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